Le sommeil comme base du bien-être
Notre bonne humeur ou le bien-être mental est un facteur essentiel d’une bonne santé. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le bien-être repose sur trois piliers : alimentation, exercice et sommeil. Mais les trois ont-ils une même importance ? Selon une récente étude menée auprès de jeunes adultes, le sommeil est un peu plus important. Et c’est assez logique, vu qu’un manque de sommeil a une influence négative sur les deux autres piliers.
L’influence du sommeil sur les habitudes alimentaires est liée au fonctionnement d’un certain nombre d’importantes hormones digestives : la ghréline et la leptine. Un manque de sommeil perturbe leur fonctionnement, ce qui nous donne un sentiment de faim plus fréquent et plus long, et nous fait aussi trop manger. Le sommeil influence par ailleurs la production de l’hormone du stress : le cortisol. En temps normal, le niveau de cortisol augmente pendant la seconde partie de la nuit, avec un pic le matin ; il redescend ensuite au fil de la journée, en préparation de la nuit. En cas de privation régulière de sommeil, le cortisol augmente aussi en soirée, et diminue plus lentement en journée. Ce niveau de cortisol plus élevé donne davantage envie de graisses et de sucres. En résumé, lorsqu’on ne dort pas assez, on mange trop et moins sainement.
Le manque de sommeil est aussi néfaste pour l’autre pilier, l’exercice. Une personne fatiguée sera moins encline à faire de l’exercice. Et si on arrive malgré tout à commencer une séance de sport, on tiendra moins longtemps. Le manque de sommeil perturbe en effet le fonctionnement du cortex préfrontal, la région du cerveau également responsable pour… la détermination. Enfin, un manque de sommeil entraîne des blessures plus rapides et une revalidation plus longue : et donc, encore moins d’exercice !
Plus de négativité et de stress
Certaines situations font ressortir de mauvais souvenirs. On peut réprimer ces souvenirs, ou ils peuvent rester hanter votre esprit et causer des tracas. La facilité de répression de ces souvenirs est aussi liée au nombre d’heures de sommeil. Plus on dort, plus ça sera facile. Si on ne dort pas assez, les tracas resteront. Et qui se tracasse aura aussi des difficultés à trouver le sommeil…
Ce n’est malheureusement pas le seul cercle vicieux qu’entraîne ce manque de sommeil. Comme abordé ci-dessus, le manque de sommeil a aussi une influence sur les hormones du stress, qui seront plus élevées le matin et diminueront plus lentement pendant la journée, ce qui fait qu’on va au lit avec un niveau de stress plus élevé. Chaque jour qui passe ajoute alors un peu de stress, qui ne fait qu’augmenter le niveau de stress général. Le soir, ce niveau devient tellement élevé qu’il devient difficile de s’endormir, ou on se réveille plus souvent la nuit.
Deux fois plus de chance de dépression
Nous avons déjà évoqué le fait que le manque de sommeil perturbe le fonctionnement du cortex préfrontal. Cela débouche aussi sur un sentiment d’anxiété plus marqué. C’est surtout le sommeil profond qui semble influencer l’anxiété : accumuler trop peu de sommeil profond peut rendre pas moins de 30 % plus anxieux pendant la journée ! Ce fonctionnement perturbé entraîne par ailleurs un moins bon contrôle des émotions. On en parle alors aussi moins bien. Cela peut mener à un isolement social, à de la solitude et à de mauvaises relations.
Ajoutez cela à une capacité amoindrie pour supprimer des sentiments négatifs, et la conclusion n’a rien d’étonnant : le manque de sommeil est un facteur de risque important pour la dépression. Les personnes qui souffrent d’insomnies ont deux fois plus de chance de connaître une dépression. Le manque de sommeil n’arrange pas la situation, et peut même l’empirer : on vit avec des sentiments moroses qu’on n’arrive pas à réprimer, le sommeil n’en devient que plus mauvais, et on rate la « recharge émotionnelle » offerte par une bonne et longue nuit de sommeil. C’est une spirale négative dont il est difficile de sortir.
Mieux dormir pour se sentir mieux !
Le sommeil a donc clairement une influence sur le bien-être ! Une personne qui dort bien, mangera mieux et fera plus d’exercice, ce qui contribue au bien-être général et mental. Il est alors plus facile d’écarter des pensées négatives. Le stress a disparu de votre dictionnaire (ou du moins, il se trouve à la dernière page ;-)), vous êtes moins anxieux, et le flux des tracas est moins durable. Les sentiments négatifs laissent plus vite la place à des positifs, ou vous arrivez plus facilement à en parler, ce qui soulage aussi.
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Aisha Cortoos
Psychologue Clinicienne - Psychothérapeute - Docteur en Psychologie
Expert en sommeil/stress